Tout comme les humains la vigne est un être vivant, sensible à son environnement et donc exposée à des agressions extérieures. Outre le gel, la sécheresse, la grêle et autres événements climatiques, induits ou non par l’Homme, la vigne est exposée à différentes maladies. C’est ce dont je vais vous parler cette fois-ci, des maladies de la vigne qui ont plus ou moins toujours existées pour certaines mais qui vont certainement s’accentuer avec le bouleversement climatique en cours.
Les maladies de la vigne peuvent intervenir à différents stades du cycle de vie de la vigne et sur différentes parties de cette dernière. Ainsi il peut arriver que les symptômes liés à telle ou telle maladie ne soient visibles que trop tard pour tenter de sauver la plante. Une attention toute particulière doit être portée dans la conduite du vignoble mais également à la sélection des différents plants lors de nouvelles plantations.
On pense tout de suite à la crise du Phylloxéra qui ravagea le vignoble européen au 19ième siècle mais je ne vais pas en parler, préférant mettre en lumière les maladies courantes qui font tout autant de ravages, en moindre mesure… quoi que.
La plupart du temps une maladie est issue d’une bactérie ou d’un champignon. Ne pouvant voyager par leur propre moyen ils utilisent des transporteurs, des véhicules en la qualité de certains insectes qui malgré eux contribuent à la propagation de ces maladies.
La flavescence dorée
La cicadelle est un petit insecte qui se développe dans des régions chaudes à tempérées. Originaire du continent Nord-Américain il est inoffensif pour la plante mais est vecteur d’un mal grandissant depuis le début du 20ième siècle, la flavescence dorée. Cette maladie est le résultat de l’action d’une bactérie qui entraine le jaunissement des feuilles de vigne, diminuant ainsi l’efficacité de la photosynthèse. Cette action mène au dépérissement progressif de la plante, diminuant d’abord sa productivité, la qualité de ses fruits et menant à sa mort. Une fois installée cette bactérie peut se propager très rapidement grâce à la cicadelle.
Pour enrayer la progression de ce mal une attention toute particulière est portée chez les pépiniéristes qui traitent les plants à l’eau chaude. D’autres alternatives existent, notamment l’emploie de produits chimiques, plus radicaux, peut-être plus efficaces mais cela reste des produits chimiques qui peuvent avoir des effets collatéraux non négligeables…
Une chose est sûre c’est qu’une fois la maladie installée il y a très peu de chance de sauver la vigne. Elle est souvent arrachée puis brulée afin d’éviter toute trace de la bactérie.
La flavescence dorée est de plus en plus présente, même dans des zones autrefois épargnées. Le réchauffement climatique n’y est pas pour rien et on voit que son impact est présent à tous les niveaux…
Pourritures grise et acide
Ces deux types de pourritures sont induites par l’action d’insecte ou de dommage (grêle par exemple) sur le raisin directement. En effet lorsque la baie de raisin est entaillée elle est la porte d’entrée à toute sorte de maladies et surtout aux champignons (Botrytis cinerea) et aux mouches drosophiles.
La pourriture grise (Botrytis cinerea) peut-être provoquée par l’Eudémis, une variété de chenille dont les larves peuvent pénétrer les baies de raisin donnant ainsi une porte d’entrée aux champignons. Le raisin ainsi touché dépérit très rapidement et des conditions humides vont accélérer le processus. La même chose peut survenir lorsque la mouche drosophile pond ses œufs dans la baie de raisin.
La pourriture acide est la conséquence de l’attaque du raisin par la mouche drosophile. En pondant ses œufs elle offre une porte d’entrée d’une part aux champignons mais également aux bactéries acétiques suite à l’oxydation provoquée par la consommation de la pulpe par les larves de mouche.
Ces deux types de pourritures ont toutes deux la même conséquence : une réduction non négligeable de la production suivant l’ampleur du phénomène.
Un moyen de lutte et d’action sur la propagation est le contrôle de la population de l’Eudémis et des drosophiles. Principalement par la confusion sexuelle pour les chenilles et la réintroduction de prédateurs pour la drosophile.
La maladie de Pierce
Cette maladie est moins répandue que la flavescence dorée mais inquiète tout autant car très radicale. C’est une autre espèce de cicadelle qui est à nouveau vecteur de la bactérie responsable de la maladie de Pierce. C’est lorsqu’elles se nourrissent de la sève de la vigne que les insectes inoculent la bactérie fatale. Cette bactérie provoque la mort du cep en un voire deux ans en créant une sorte de bouchon dans le système séveux de la vigne. Cela l’empêche de se nourrir en eau résultant en un stress hydrique très violent menant à la mort de la plante.
Cette maladie se répand dans des zones géographiques où la saisonnalité est tempérée et pas suffisamment marquée. En effet des hivers froids qui permettent une vraie dormance de la vigne semblent efficaces pour stopper la maladie. Malheureusement une fois la maladie déclarée il n’y a aucun moyen de sauver la vigne. Le seul moyen reste la prévention de même nature que pour lutter contre la flavescence dorée : agir sur le vecteur.
La maladie de l’enroulement de la vigne
Vous vous en doutez encore une fois cette maladie est transmise par un insecte, qui porte le nom de cochenille. Ce dernier infeste la vigne en hiver sous forme de larve sous l’écorce. Une fois le printemps installé elle se déplace dans les parties jeunes.
C’est une maladie qui n’est pas mortelle directement pour la vigne mais qui diminue grandement sa productivité et sa santé. En effet le symptôme principal est l’enroulement des feuilles de vigne ce qui altère le fonctionnement de la photosynthèse et par conséquent le développement des raisins, leur teneur en sucre, leur taille et leur rendement.
À nouveau une vigne atteinte ne peut être guérie, cependant il existe des moyens pour éviter la survenue de la maladie et sa propagation : sélectionner des plants sains certifiés, introduire des prédateurs naturels à la cochenille ou encore éliminer le bois de taille rapidement après l’avoir coupé pour éviter une propagation éventuelle des larves dans les écorces.
L’Oïdium et le Mildiou
Ce sont certainement les maladies cryptogamiques les plus connues dans le milieu viticole. Ce sont tous deux des champignons qui sont originaires du continent Nord-Américain. Elles ne mènent pas à la mort de la vigne mais entachent grandement le rendement et la qualité du raisin.
L’oïdium est favorisé plus par des conditions humides avec des écarts de température important entre le jour et la nuit, il recouvre la vigne d’une fine couche blanche. Suivant son stade d’apparition, au moment de la floraison ou plus tard il aura un impact différent. S’il apparait après que les grappes de raisin se soient développées il en stoppe le développement tant sur leur taille que sur leur couleur (véraison). Les raisins présenteront des arômes pas nets, le vin qui pourrait en ressortir ne sera pas de qualité.
Le mildiou se développe dans des conditions humides et chaudes sur les feuilles de vigne en formant comme des tâches d’huiles jaunâtres sur leur revers. C’est le premier stade. Ensuite si la maladie s’installe elle prend des proportions différentes en formant des filaments blancs et cotonneux. Si rien n’est fait la vigne perd ses feuilles, stoppant la photosynthèse et menant à une baisse drastique du développement du raisin.
La fameuse bouillie bordelaise est un moyen de lutte contre le développement du mildiou. Cependant cette bouillie, constituée de sulfate de cuivre, un métal lourd, a ses limites si l’action est opérée trop tard. De plus son utilisation excessive charge les sols en métaux lourds…
Une conduite de la vigne haut, loin du sol, pour éloigner les feuilles de l’humidité du sol ; une taille de la vigne aérée afin d’éviter toute stagnation d’humidité et permettre une bonne ventilation sont là des précautions efficaces pour empêcher l’apparition et le développement de ces maladies cryptogamiques.
L’esca
C’est la maladie la plus répandue qui touche le bois. C’est même une des plus anciennes maladies de la vigne. Elle est très radicale et existe sous deux formes : une dite « lente » et une « foudroyante » qui peut tuer la vigne en quelques jours !
C’est par des plaies occasionnées lors de la taille par exemple ou d’autres évènements que la vigne est infectée. Des champignons se développent alors par ces plaies et se propagent dans le bois stoppant net tous les flux internes de la vigne, l’asphyxiant de l’intérieur en quelque sorte. Des périodes sèches et chaudes peuvent être responsables de la forme la plus sévère.
Afin de limiter tout risque de contamination, les outils de tailles peuvent être soigneusement désinfectés entre chaque pied de vigne, la taille peut être exécutée plus tardivement dans l’hiver lorsque les températures sont au plus bas par exemple. Une élimination rapide des souches infectées est aussi un moyen de lutte avéré.
Vous le voyez la vigne n’est pas épargnée et il ne s’agit pas uniquement de risques climatiques directs. Ce qui est certain c’est que le réchauffement climatique a un rôle à jouer dans le développement et la propagation de certains vecteurs et donc de certaines maladies. Les vignerons sont plus que jamais concernés et doivent s’adapter aux défis futurs.
Gauthier Bernardo DipWSET