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Le gel de la vigne : un fléau en toutes saisons

17 mai 2016

Le gel de la vigne un fleau en toutes saisons

On a assisté au printemps 2016 à une période de gelées tardives assez exceptionnelle en France. Dans la nuit du 26 au 27 avril, le gel a frappé de nombreux vignobles dont les plus touchés sont la Bourgogne, La Loire, la Champagne et quelques rares zones du Bordelais et du Languedoc.  Le gel est un ennemi du vigneron bien identifié notamment après les périodes de débourrement. Il existe plusieurs périodes de gel et des conséquences différentes sur la vigne. Des moyens de prévention et de protection sont mis en place chaque année pour éviter une perte de récolte du millésime à venir.

 

Le Gel : Ou ? Quand ? Comment ?

Resultats du gel sur la plante

Les périodes de gel courantes en France sont répertoriées l’hiver lorsque le cycle de la vigne est en dormance. Ces périodes de gel peuvent causer des ennuis à la souche (bois) mais également aux futurs bourgeons si les températures descendent en dessous de -15°C sur de longues périodes. Les tissus de la plante ne peuvent pas résister à de telles températures négatives.

Les gelées précoces d’Automne déclenchent prématurément la mise en sommeil de la plante, elles sont remarquées lorsque la température s’abaisse en dessous de -2°C / -3°C. Cela se manifeste notamment par la chute des feuilles. Cela peut perturber l’aoûtement et donc la mise en stock nécessaire des ressources de la plante durant l’hiver.

Enfin les gelées printanières sont les plus redoutées par les vignerons puisqu’elles interviennent lorsque la plante a repris son cycle végétatif.  Selon la tradition populaire datant du Moyen Age, il est dire que ces gelées peuvent arriver jusqu’aux Saints de Glace autour des 11, 12 et 13 mai. Après cette date, le risque de gel serait quasi nul. On distingue deux types de gelées printanières :

  • Les gelées blanches : Il s’agit d’un dépôt de glace provenant de la vapeur d’eau par rayonnement nocturne. C’est le même phénomène que la rosée couplée à des températures basses ou négatives (en dessous de 2°C). Ces gelées concernent surtout les bas de coteaux et les zones humides.
  • Les gelées noires causent très souvent des dégâts plus importants. L’air sec et très froid (entre -5°C et -10°C) balaie les vignobles pouvant détruire totalement les jeunes pousses et donc les récoltes à venir.

Ces gelées n’endommagent pas la pérennité de la souche mais peuvent créer la mort des bourgeons. Selon les degrés d’exposition au gel de chaque parcelle, le vigneron pourra analyser et tailler la vigne en conséquence si des contre-bourgeons venaient à pousser et ainsi sauver un peu sa récolte.

 

De la prévention à la protection du gel dans le vignoble

Les méthodes de prévention sont appliquées bien avant l’arrivée du gel et font parties des choses à connaitre pour le vigneron notamment au moment de la plantation. Le choix de la parcelle est donc très important, il faut si possible éviter les parcelles en creux de terrain ou en fond de vallée car l’air froid amassé va stagner. Dans la même logique, les parcelles entourées de haies trop compactes favorisent les gelées car elles ne permettent pas la circulation de l’air froid. Dans les zones sensibles aux gelées d’automne ou d’hiver, le vigneron doit se tourner vers des cépages à aoûtement précoce (Début de la mise en réserve de la plante). Sur les zones sensibles aux gelées printanières, il est recommandé de choisir un cépage au débourrement tardif et adapter la taille afin que les sarments ne soient pas trop proches du sol.

Ces mesures de prévention ne suffisent pas toujours et il faut bien réagir face à une exposition au gel des plantations. Il existe ainsi plusieurs méthodes directes de protection :

  • Le buttage ou le chaussage des vignes : Méthode surtout utilisée au Canada ou en Europe Centrale pour se protéger des gelées hivernales mais elle est également pratiquée en France. Cette technique consiste à recouvrir de terre les ceps de vigne pour les protéger des très basses températures.
  • Les bougies de paraffine et les chaufferettes au fuel sont disposées entre les rangs de vigne pour maintenir une chaleur suffisante au pied des ceps de vignes durant la nuit. Cette méthode est bien entendue réservée aux vignerons détenant des petites surfaces de part la main d’œuvre que cela engendre. Elles sont efficaces jusqu’à des températures avoisinantes les -4°C / -5°C.
  • L’aspersion d’eau : Cette méthode consiste à arroser les vignes pendant la nuit, au moment où le gel se forme. Cette technique fonctionne de la même manière que l’igloo. Les gouttes d’eau vont geler et enfermer les bourgeons à une température de O°C, les protégeant ainsi d’une température extérieure bien plus basse. Les vignerons utilisent des asperseurs disposés tous les 15 ou 20 m dans les vignes. La technique est couteuse puisqu’une grande quantité d’eau est nécessaire pour couvrir un hectare (50m3 d’eau par heure et par hectare)
  • Le brassage de l’air : Cette méthode consiste à brasser l’air en remplaçant la couche d’air froid qui se trouve proche du sol par la couche d’air plus chaud qui se trouve plus haut. On dispose des hélices dans le vignoble. Pour la petite anecdote, la Nouvelle Zélande a utilisé une année, un grand nombre d’hélicoptères pour réaliser la même action. L’action fut très critiquée d’un point de vue développement durable pourtant si cher à ce pays. Une hélice peut brasser l’air sur 4 ha. Cette technique permet de remonter entre 1°C et 4°C la température du vignoble. Petit bémol, la mise en place du matériel est extrêmement coûteuse et très bruyante.

 

Souvent les vignerons restent malgré tout impuissants face à ces épisodes de gel et n’ont pas forcément les moyens de réagir vite face à ces gelées tardives. L’épisode de ces dernières semaines ne permet pas encore d’estimer les dégâts avec précision concernant les récoltes. Certaines communes vont analyser la situation et demander l’état de catastrophe naturelle et calamité agricole selon l’étendue des dégâts. Les régions touchées par le gel comme la Loire et la Bourgogne sont des vignobles qui disposent de faibles stocks en raison des petites récoltes réalisées sur les millésimes précédents. Espérons alors que la nature leur réserve enfin de jolies surprises et leur donne un excellent millésime 2016.

 

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Équipe WiSP

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