Bordeaux, synonyme d’excellence viticole, incarne une tradition séculaire et un savoir-faire unique.
Mais comment cette région est-elle devenue un pilier de la viticulture mondiale ? Plongeons dans une histoire fascinante, où les évolutions techniques, les bouleversements climatiques et les aléas du commerce se sont entrelacés pour façonner le vignoble bordelais tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Les premières racines des vins de Bordeaux : l’Héritage Romain
Les débuts de la viticulture à Bordeaux remontent au Iᵉʳ siècle avant notre ère, avec l’arrivée des Romains. Ces derniers introduisent le cépage biturica, ancêtre du cabernet sauvignon, sur les terres fertiles du sud-ouest de la Gaule. Les Romains plantent les premières vignes dans la région de Burdigala (ancien nom de Bordeaux), non seulement pour consommer localement mais aussi pour exporter leurs vins à travers l’Empire.
Le vin bordelais se distingue dès ses débuts par sa capacité à voyager grâce au port naturel de la Garonne, qui permet d’acheminer les cargaisons vers les grandes cités romaines. Cette infrastructure commerciale pose les fondations de Bordeaux comme épicentre du négoce vinicole.
L’émergence du commerce anglais du vin au Moyen Âge
Un tournant décisif survient au XIIᵉ siècle, lorsque la région de Bordeaux tombe sous l’influence anglaise. En 1152, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenêt, futur roi d’Angleterre, scelle une alliance commerciale durable entre Bordeaux et l’Angleterre.
À cette époque, les Anglais tombent sous le charme du vin bordelais, notamment le fameux claret (vin clair, peu tannique). Ce style léger et fruité séduit la noblesse anglaise et contribue à l’essor des exportations. Bordeaux devient le principal fournisseur de vins en Angleterre, surpassant d’autres régions viticoles européennes.
La prospérité économique de la Place de Bordeaux au Moyen Âge permet aux producteurs d’améliorer leurs pratiques viticoles. Les sols des Graves et du Médoc commencent à être valorisés, grâce à des investissements dans les infrastructures et une meilleure connaissance des terroirs.
Le XVIIᵉ Siècle : L’Âge d’or des techniques modernes de la filière viticole
Le XVIIᵉ siècle marque un véritable saut qualitatif dans la production des vins de Bordeaux. C’est à cette époque que le vin évolue vers un style apte au vieillissement. Les innovations incluent l’utilisation des barriques en bois, qui assurent une meilleure conservation et permettent au vin de développer des arômes complexes.
L’apparition du vin de Ho-Bryan (Haut-Brion) est emblématique de cette transformation. Ce cru prestigieux, apprécié par les Anglais et même mentionné dans les écrits de Samuel Pepys en 1663, marque le début de la reconnaissance internationale des grands crus bordelais.
Simultanément, les Hollandais, grands consommateurs de vin, jouent un rôle crucial dans l’assainissement des marais du Médoc. Ces travaux permettent d’exploiter de nouveaux terroirs, notamment ceux qui donneront naissance aux célèbres appellations Margaux, Pauillac et Saint-Estèphe.
Le Classement de 1855 des grands crus : Une référence immortelle
En 1855, à la demande de Napoléon III pour l’Exposition Universelle de Paris, les vins de Bordeaux sont classés selon leur qualité et leur réputation. Ce classement des Grands Crus Classés consacre 61 domaines, principalement issus du Médoc, en plus du Château Haut-Brion dans les Graves. Ce système, encore en vigueur, reste une référence mondiale et contribue à renforcer l’aura des vins de Bordeaux.
À cette période, la région atteint son apogée, avec des exportations florissantes et une réputation inégalée.
Les Crises du XIXᵉ Siècle : Phylloxéra et Mildiou
Le XIXᵉ siècle est aussi marqué par des défis majeurs. L’arrivée du phylloxéra, un insecte ravageur, dans les années 1870, décime les vignobles européens, y compris ceux de Bordeaux. Les producteurs sont contraints de greffer leurs vignes sur des porte-greffes américains résistants pour sauver leur production.
Parallèlement, le mildiou, une maladie fongique, ravage les récoltes. Pour y faire face, les Bordelais inventent la bouillie bordelaise, mélange de sulfate de cuivre et de chaux. Ce traitement, aujourd’hui historique, constitue une avancée majeure pour la viticulture mondiale.
Le XXᵉ Siècle : Renaissance et diversification des vins bordelais
Après les deux guerres mondiales et des épisodes climatiques extrêmes (gelées de 1956, canicules des années 1970), la filière des vins de Bordeaux opère une véritable renaissance.
La période d’après-guerre est marquée par une modernisation des techniques de vinification et par une restructuration du vignoble. Le merlot, cépage moins sensible au gel, gagne du terrain, notamment sur la rive droite (Pomerol, Saint-Émilion).
Le XXᵉ siècle voit également l’émergence de nouveaux marchés, notamment en Amérique et en Asie. Bordeaux devient une marque mondiale, et ses crus les plus prestigieux, s’arrachent à prix d’or lors des ventes aux enchères.
Le XXIᵉ Siècle : innovation et nouveaux défis à relever
Aujourd’hui, La place de Bordeaux doit se réinventer face aux défis contemporains. Le changement climatique pousse les vignerons à expérimenter de nouveaux cépages et à adopter des pratiques plus éco-responsables telles que l’agriculture biologique et biodynamique.
La région s’adapte également aux nouvelles attentes des consommateurs : des cuvées plus accessibles, des vins moins boisés et une communication axée sur la transparence.
Malgré ces évolutions, Bordeaux reste profondément enraciné dans son héritage. Ses vins d’assemblage uniques et ses terroirs d’exception continuent de fasciner amateurs et experts, faisant de cette région un pilier de l’excellence viticole.
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