Le millésime désigne l’année de la vendange des raisins. Cette mention n’est pas obligatoire sur l’étiquette d’une bouteille dans la législation européenne mais elle est présente sur la plupart des vins avec une indication géographique. « 2002, C’est une bonne année ça non ? », voilà une question qui revient souvent dans les rayons, chez le caviste ou encore entres amis lorsque l’hôte débarrasse l’invité de sa bouteille. Certaines régions sont plus affectées que d’autres par l’effet millésime sur la qualité des vins.
Bonne ou mauvaise année ?
La météo est directement liée à la qualité d’une année. La date de vendange est principalement fixée par la maturité que la baie atteint. Seulement d’une année sur l’autre, une même parcelle riche du même terroir n’obtiendra pas des raisins identiques en termes d’acidité, de sucre ou encore de richesse aromatique. On distingue deux types de maturités :
- La maturité physiologique est liée au jus de la baie. On la détermine assez facilement en mesurant le taux de sucre du raisin dans la vigne. Des analyses de laboratoire permettent aussi de connaître le niveau d’acidité. Enfin la manière la plus empirique consiste à goûter le raisin afin d’apprécier ce rapport sucre/acide.
- La maturité phénolique est liée aux pépins et à la peau du raisin. Elle concerne les polyphénols (tanins et anthocyanes) ainsi que les composés aromatiques contenus dans les pellicules.
Ces deux maturités ne sont pas nécessairement atteintes au même moment, d’où l’enjeu important du vigneron de ramasser ses raisins à des maturités optimales. Les baies deviennent de plus en plus sucrées, moins acides et les tanins sont de moins en moins amers. Un excellent millésime offre des maturités phénoliques et physiologiques beaucoup plus rapprochées. La maturité physiologique étant atteinte plus rapidement que la maturité phénolique. Pour atteindre ces différentes maturités, le soleil joue le rôle principal durant la période végétative de la plante, à partir du mois de mars. La photosynthèse liée à la lumière du soleil permet à la plante de produire du glucose mais également de faire mûrir les pépins et la peau des baies.
D’ une année sur l’autre ce taux d’ensoleillement est forcément variable. C’est donc au vigneron d’adapter les travaux viticoles pour optimiser la qualité de sa récolte. Les problèmes de maturité sont différents d’un vignoble à un autre. Les précipitations sont également à prendre en compte. Indispensable à la photosynthèse, en abondance la pluie peut faire gonfler les baies. Les vins sont moins concentrés, c’est l’effet de dilution du vin. De la pluie oui, mais pas trop !
« Une très bonne année chez moi n’est pas forcément une bonne année pour mon voisin »
Toutes les régions du monde ne subissent pas avec la même intensité « l’effet millésime ». En effet, il existe une certaine disparité entre entre les zones septentrionales et méridionales. Des zones comme la France notamment à Bordeaux, en Bourgogne ou encore en Allemagne et dans les régions septentrionales d’Italie, les aléas climatiques peuvent affecter un millésime. Le millésime peut sublimer un vin mais il peut également le rendre moyen (grêle, gel, déficit d’ensoleillement et température).
Dans les zones méridionales où le climat est plus favorable, les aléas sont plutôt liés aux intempéries comme la grêle. A l’intérieur même d’un pays comme la France, la qualité du millésime varie d’une région à une autre. Pour exemple, le millésime 2013 assez mauvais à Bordeaux dû au peu d’ensoleillement fut très favorable pour les vignerons de la vallée du Rhône. Dans les régions viticoles du Nouveau Monde comme l’Australie, la Californie, le Chili ou encore l’Afrique du sud le climat est plus constant. L’effet millésime est beaucoup moins important.
Les conditions de la réussite d’un millésime sont un climat tempéré à chaud, des précipitations principalement au printemps et plus faibles en été, enfin des périodes de floraison et de vendanges sèches. Avoir une indication sur le millésime dans le cas de la garde du vin est fondamental. On a tous l’objectif d’ouvrir une bonne bouteille à son apogée, la qualité du millésime est une première indication pour estimer le meilleur temps de garde. L’effet millésime trouve également écho sur les prix pratiqués par les producteurs à plusieurs titres : une récolte faible peut engendrer un rattrapage par le prix où le caractère exceptionnel d’un millésime comme on a pu le voir à Bordeaux en 2009, 2010 et plus récemment en 2015.