Pas de craintes, il s’agit bien d’une chronique sur la viticulture. Je me suis intéressée à un prédateur et ravageur bien connu de tous les vignerons : le ver de la grappe
Ce ravageur de la vigne peut faire de sérieux dégâts sur la récolte en s’attaquant directement aux baies. Plusieurs traitements existent pour enrayer cette menace dont la fameuse méthode de la confusion sexuelle.
Le ver de la grappe : Qu’est-ce que c’est ?
Espèce Eudémis
On les appelle les tordeuses de grappes, ces espèces de ravageurs sont présentes en Europe depuis des millénaires. Il y a trois espèces différentes de vers :
- La Cochylis (a causé de gros dégâts dans le bordelais à la fin du 19ème siècle)
- L’Eudémis
- L’Eulia
La Cochylis et l’Eudémis sont les espèces les plus répandues sur les vignobles européens. Il s’agit de minuscules papillons nocturnes qui mesurent entre 10 et 20 mm selon les espèces. Une fois que les espèces mâles et femelles se sont accouplées, la femelle pond de multiples œufs en 2 phases successives. La première vague d’œufs est pondue au niveau des boutons floraux (inflorescences) de la vigne et la seconde phase directement sur les baies de raisin.
Ces œufs vont se transformer en vers d’environ 1 cm se nourrissant ensuite successivement des boutons floraux et des baies. La deuxième phase est la plus dévastatrice pour les récoltes puisque les larves s’attaquent aux raisins en creusant les baies. Ces attaques favorisant ainsi à terme l’apparition de la pourriture grise. (Botrytis)
Les traitements existants contre le ver de la grappe
LA MÉTHODE FORTE : LES INSECTICIDES
Plusieurs insecticides ou bio-insecticides existent pour supprimer les larves, ou encore le métabolisme de la larve. Il existe de nombreux traitements préventifs plus ou moins précis intervenant avant la ponte des œufs pour éviter tout risque d’état de larve. Les traitements sont efficaces pour régler ce problème mais ils sont à l’origine d’autres troubles du sol et de la plante visibles à moyen et long terme. Bien entendu, ils limitent également la biodiversité.
Cependant une autre méthode existe. Elle est de plus en plus répandue pas seulement en viticulture biologique mais aussi en lutte raisonnée, c’est la confusion sexuelle.
LA MÉTHODE DOUCE : LA CONFUSION SEXUELLE
La confusion sexuelle est une méthode de lutte respectueuse de l’environnement contre les tordeuses de grappe.
Le principe de la confusion sexuelle est de perturber la phase de rapprochement entre les papillons mâles et femelles. L’objectif : éviter qu’ils se reproduisent !
Chez les papillons de nuit, la femelle attend le mâle pour l’accouplement. Afin qu’il puisse la retrouver, elle émet un « message parfumé » en relâchant des phéromones. Ces hormones odorantes attireront systématiquement le mâle vers la femelle.
Diffuseurs de phéromones
Le principe de la confusion sexuelle consiste donc à saturer le vignoble de phéromones grâce à des diffuseurs de phéromones synthétiques placés à intervalles réguliers. Le mâle est alors désorienté et incapable de retrouver la femelle. Cela permet de limiter très nettement le taux de reproduction. Des rencontres fortuites entre mâles et femelles sont toujours possibles si les vols sont importants.
Cette méthode est efficace à partir d’une certaine surface de vignoble (minimum 8ha en moyenne). Certains vignerons avec des parcelles plus petites s’entendent pour utiliser la même technique afin de mutualiser leurs moyens et être plus efficace. La notion de bloc homogène est fondamentale.
Disposition homogène des diffuseurs
Les diffuseurs sont des petites capsules disposées sur les fils de palissage, le long des rangs de vigne. Une capsule peut couvrir environ 20m2. Il faut donc environ 500 diffuseurs par hectare afin que la diffusion ait un impact positif sur les papillons mâles.
Dans les régions où le vent est très important, (mistral, tramontane, vent d’autan) les diffuseurs disposés en bordure de parcelle seront doublés pour garder cette homogénéité du taux de phéromones dans l’espace du vignoble traité.
En agriculture raisonnée, ces pièges sexuels sont parfois couplés à des pulvérisations locales et précises d’insecticides si le nombre de vols est trop important…L’amour serait-il plus fort que tout…??